Le dernier week-end de votations a confirmé une chose: le débat sur l’énergie en Suisse sera animé. Les Vaudois ont dit non, dans le cadre d’un vote consultatif, à la prolongation de l’exploitation de Mühleberg. Cette prolongation a également été refusée auparavant par les cantons de Neuchâtel et Fribourg. Un signe que les Romands souhaitent se détacher du nucléaire et développer les énergies renouvelables? Pas si évident. Les Neuchâtelois ont en effet, durant le même week-end, refusé une nouvelle loi sur l’énergie. Cette loi proposait de rendre obligatoire l’installation de cellules solaires thermiques ou photovoltaïques sur les nouveaux bâtiments, afin de couvrir au moins en partie les besoins en eau chaude sanitaire et chauffage.
Ces deux votes, ainsi que les événements de ces derniers mois, permettent de retenir les éléments suivants:
1) L’énergie nucléaire semble toujours faire peur aux citoyens en raison du risque d’accident et du problème de stockage des déchets.
2) Les nouvelles énergies renouvellables, dont l’énergie solaire fait partie, semblent peu attractives en raison de coûts encore élevés par rapport aux énergies fossiles.
3) En période de crise, la Suisse n’a pas voulu lancer de grands plans de relance, pour promouvoir les énergies propres par exemple, afin d’éviter un endettement trop conséquent.
4) La crise économique est bien installée, le chômage augmente, et des secteurs de notre économie sont sous pression.
Mais même dans ces conditions les certitudes suivantes persistent :
1) La demande en énergie va continuer d’augmenter, croissance démographique oblige.
2) La lutte contre le réchauffement de la planète et la nécessité de réduire la production de gaz à effet de serre va se poursuivre.
3) Le prix des matières premières, le pétrole en tête, va poursuivre sa hausse, au plus tard dès que la reprise économique sera annoncée.
Dans cette situation, que faire? Comme face à n’importe quelle tendance, il est possible d’en tirer profit en sachant la comprendre, la devancer et en jouer. Continuons à diversifier notre économie en devenant des exportateurs de technologies propres et soutenons de manière intelligente les nouvelles énergies renouvellables, afin de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles. Pour y parvenir, une volonté politique est nécessaire, permettant la mise en place des éléments suivants:
1) Un soutien financier aux nouvelles énergies renouvelables, ne provenant pas d’une taxe, hausse d’impôt ou d’un endettement supplémentaire, mais d’une réforme de l’Etat. Réforme permettant notamment de redéfinir les priorités en matière d’allocation de ses ressources financières.
2) Une garantie, que les secteurs soutenus par l’Etat, permettent l’émergence de nouveaux secteurs économiques en Suisse et ainsi la création de nouveaux emplois. Il serait certainement mal compris que l’utilisation des deniers publics ne serve pas nos industries, nos emplois. Ce soutien doit naturellement être limité dans le temps et permettre à un secteur de devenir compétitif au niveau international.
Nos élus en sont-ils capable?
Fabrice Dunand