Vaud: un canton dangereux
Le canton de Vaud est dangereux. Une blague? Pas du tout. En 2012, les infractions au Code pénal (vols en tous genres, brigandages, lésions corporelles, etc.) se situaient à 114.9 cas pour 1’000 habitants dans le canton, contre 76.9 en moyenne suisse. Et en comparaison internationale, le constat n’est pas meilleur. Pour la seule catégorie des cambriolages, la Suisse est championne d’Europe. En 2012, on comptait 932 cambriolages pour 100’000 habitants, alors que la majorité des nations européennes sont au-dessous de 450, soit moins de la moitié que chez nous.
Après une augmentation des infractions de 18% dans le canton de Vaud en 2012, l’annonce d’une baisse de 5% pour le premier semestre 2013 est bienvenue. Des éléments positifs sont à relever. 1.L’Etat semble enfin comprendre son devoir de protéger les citoyens des criminels dangereux. Malheureusement il a fallu l’affaire Marie dans le canton de Vaud et le meurtre d’Adeline à Genève pour en arriver là. 2. La police redécouvre les vertus de la présence sur le terrain. A Lausanne, la présence policière devrait être augmentée de 30’000 heures par an.
Mais il existe encore trop de laxisme pour que l’on puisse parler d’une réelle volonté de faire face aux problèmes sécuritaires et d’agir dans la durée. Certaines réactions récentes laissent perplexes.
Après quatre évasions collectives successives des prisons vaudoises, dont certaines à l’aide de simples échelles, une mesure forte est annoncée: les gardiens de prisons ne porteront plus de menottes à la ceinture, nécessaires à la maitrise des détenus violents. Il paraît que c’est un signe d’agressivité de leur part…
Autre réaction significative: l’Etat s’en prend à l’entreprise américaine Google, accusée d’être en partie responsable des évasions en mettant à disposition des internautes des images satellites non floutées des prisons…
Dernier exemple, sans doute le plus inquiétant. Le canton a établi des priorités momentanées dans les incarcérations: les personnes sous mandat d’arrêt pour des cas considérés de faible gravité, sont actuellement laissées en liberté lors de leur interpellation, à cause du manque de place dans les prisons. Quand on connaît la capacité du système à juger de la dangerosité des délinquants…
La crédibilité de l’Etat est en jeu. Une crédibilité que la super-ministre de la sécurité, récemment nommée dans le canton de Vaud, devra rapidement restaurer. En continuant de renforcer les effectifs de police présents sur le terrain, en modernisant les prisons, en supprimant l’impunité des « petits » criminels et en faisant son mea culpa quand on failli à ses responsabilités. Genève l’a fait pour le meurtre d’Adeline, Vaud peine à le faire pour l’affaire Marie. En attendant, une première enveloppe de 100 millions de francs vient d’être allouée pour les prisons. C’est 100 millions, Madame la super-ministre, pour construire des prisons, des vraies, pas des Pâquerettes ou des éco-quartiers pour délinquants!
Fabrice Dunand